Je suis en vie.
Et je regarde cette fourrure douce se soulever et s’affaisser au rythme d’une respiration tranquille. C’est le chat à mes pieds sur le lit, c’est Gally et son pelage en écorce.
Dans l’armoire à côté, Lullaby est cachée.
Il fait encore jour, il est passé 16h. Mais le soleil ne brille plus. Gally, tout-à-l’heure était perchée sur le meuble, se prélassant au soleil pendant sa sieste.
Le ciel est blanc et lumineux, le contour des arbres est flou, une légère brume.
Pas de bruits aujourd’hui, c’est jour de grève.
Denis dans le salon chantonne et fait cliqueter les manettes de son casque VR. Borderland je suppose.
J’entends aussi un murmure de voiture et de chauffage central. Parfois Lullaby bouge et fait grincer l’armoire. Parfois c’est mon ventre qui s’exprime en même temps que le beau bruit du stylo qui écrit.
Je suis en vie.
Gally me regarde. Lullaby a commencé un brin de toilette, je l’entends.
Dans la petite télévision des années 80 posée sur la commode, ma lampe se reflète sur l’écran gris et bombé.
Il n’y a pas de vent. Une cheminée fume. Mon rhume s’en va.
La lampe se reflète aussi dans les prunelles vertes de Gally, comme une petite étoile. Elle me regarde, l’écriture l’intrigue, elle écoute les mots dans ma tête. Ces mots elle les comprend tous, mais pas toujours les concepts qui vont avec. Ce n’est pas grave, ni pour elle, ni pour moi.
Dans les étages de l’immeuble, quelqu’un marche et fait couler de l’eau.
Je suis en vie.
©Sofy Engel
Jeudi 5 décembre 2019
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